S’arrêter. Poser le pad à ses côtés. Laisser Dragon’s Crown Pro tourner à vide, son équipe de quatre personnages immobiles à l’écran, seuls les étoles, capes, armes, bras, mains, pieds et pièces d’armure alors en constant mouvement, en attente d’une entrée du joueur. Autour, et en arrière-plan, un paysage en 2D se déroulant au gré des déplacements : ces donjons infestés et cette ville qui est aussi le hub principal de l’aventure. La structure de Dragon’s Crown est connue, ancrée depuis les années 1980 dans les esprits, s’insinuant dans tous les genres depuis une dizaine d’années. Une cité pleine de boutiques, tavernes et guildes où acheter armes et enrôler alliés, un (des) donjon(s) à nettoyer de leurs orcs et morts-vivants, des allers-retours incessants, des classes spécifiques, des montées de niveaux, des objets à découvrir, un temple pour ressusciter ses alliés tombés sur le champ de bataille, etc. C’est tout le RPG (C ou J) des années 1980, directement inspiré des premiers pas de Donjons & Dragons, ou encore des adaptations quasi simultanées sur ordinateurs, comme Wizardry (Sorcellerie), qui est ici convoqué, reconnaissable et pourtant hybridé. En effet, s’il se revendique RPG par ses mécaniques ou par son système de runes qui renvoie aux multiples énigmes qui ralentissaient les joueurs des années 1980, Dragon’s Crown pioche allégrement du côté du beat them up/all pour son interaction immédiate avec l’environnement, invoquant plus souvent les grandes heures de Golden Axe – oui avec ses montures – que celles de Streets of Rage.
Mais au-delà de cet hommage, au-delà de cette madeleine de Proust qui déborde de chaque situation, Dragon’s Crown Pro est surtout une démonstration de force de la part du studio Vanillaware. Chaque combat, chaque animation, chaque écran, même fixe – mais pleins de détails en mouvements – met en valeur le savoir-faire d’un studio qui s’est toujours illustré par la maîtrise d’une 2D « marionnette de papier » atypique. Reste que les personnages se superposant durant les batailles, la lisibilité en prend un coup, surtout face à un classique, propre et net, comme Golden Axe. Qu’importe la patte Vanillaware toute d’anomalies et d’énormités physionomiques volontaires, toute d’effets visuels, fait oublier cet écueil, et cette version HD, « Pro », 4K, sans ajout de gameplay, rappelle combien l’artistique prime pour le studio.