Ars Technica

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Parler du steampunk, c’est facile, il suffit – et je ne vais pas m’en priver- d’aligner quelques références types et clichés pour se faire comprendre de tous : Angleterre (ou époque) victorienne, machines à vapeur, Jules Verne. Pour les fines bouches, les « connards élitistes » du cafard cosmique(.com), on peut aussi citer quelques bouquins vraiment classes, du genre  à faire parti des « 100 livres qu’il faut avoir lus avant de mourir » : Les voies d’Anubis de Tim Powers (sautez dessus, c’est de la bonne !), tout James Blaylock et puis K.W. Jeter, l’auteur qui a non seulement écrit le premier bouquin vraiment Cyberpunk (le très déviant Dr. Adder,  sponsorisé par un certain K.Dick), mais qui a aussi inventé le terme Steampunk. Allez pour la culture, je vous cite sa petite lettre  de l’époque (les années 80) pour le magazine Locus -Ici, wiki est mon ami- : « Je pense que les fantaisies victoriennes seront le prochain gros mouvement (NDLR : littéraire), du moins si l’on arrive à leur trouver une étiquette, comme… Steampunks. » Du côté des films, pas grand chose à se mettre sous la dent, ou alors il faut remonter à La machine à remonter dans le temps ou au très chouette C’était demain qui voit H.G. Wells poursuivre Jack l’éventreur jusque dans les années 70… Bon, oui, il y a aussi Les mystères de l’ouest ou La ligue des gentlemen extraordinaires, mais c’est vraiment pour chercher des objets filmiques à éviter… Et côté jeux ? C’est un peu plus compliqué…

 

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Les vrais jeux relevant uniquement du Steampunk sont terriblement difficiles à trouver. En effet, s’il n’est pas rare de croiser quelques automates (Syberia, Dungeon Siege III), engrenages à gogo (Alice : Retour au pays de la folie ou Thief), robots à monter (RAGE) ou machines à vapeur (Final Fantasy VII, Thief) au détour d’un chemin, ou de fréquenter des lieux très stylisés (les ruines Dwemer des Elder Scrolls), très peu de jeux se sont amusés à donner vie à des univers entièrement Steampunk, préférant citer quelques éléments pour se donner des airs de… La raison de cette absence ? Bien simple. Quoi qu’en dise, si l’Angleterre victorienne est un décor atmosphérique en diable, il ne s’agit pas un support très intéressant en termes de gameplay : des armes souvent chiches, ou peu puissantes, des idéologies douteuses et difficiles à mettre en scène (c’était le temps des colonies, du racisme !)…  D’ailleurs, si l’on excepte quelques jeux d’aventure textuelle, une poignée de point’n click Sherlock Holmes, le Londres d’avant la première guerre mondiale n’a que peu servi de terrain de jeu vidéoludique. Et évitons de nous rappeler quelques Nightmare Creatures de sinistre mémoire…  Donc, me voilà bien broucouille. Ou alors, peut-être faut-il chercher du côté de quelques RPG ? Ah, oui, là, il y a un Space 1889,  jeu de rôle papier mal adapté au PC (1988), ou plus probant, et gratuit sur Goodoldgames.com, Ultima Worlds of Adventure 2 : Martian Dreams. Lancé sur mars dans un obus digne du Voyage sur la lune, le film de Méliès, on y croise Freud – qui nous fait passer le fameux test de personnalité des jeux Ultima, logique !-, Nellie Bly (une journaliste), Tesla et quelques autres personnages illustres de l’époque (Lénine). Et puis, il y a Warren Spector, oui, oui, ce bien vieux Warren qui, plus de quinze ans avant David Cage se met en scène, traverse le temps pour demander au joueur/avatar de l’aider. Un titre agréable pour qui supporte le système de jeu de Ultima VI, ici, repris à la lettre, mais terriblement old school pour les autres. A noter que Ultima Worlds of Adventure : The Savage Empire joue, lui, avec les codes du pulp américain, entre Indiana Jones et Le monde perdu. Et, là, vous vous dîtes, Raphaël, tu nous embrouilles, tu cherches à noyer le poisson, à gagner quelques signes ! Mais non, mais non.

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Mais alors, il y a en a ou pas des jeux vraiment Steampunk ? Oui, quelques uns, rares, précieux. D’abord, il y a Arcanum : Of Steamworks and Magick Obscura (un titre V.O. plus classe que Engrenages et Sortilèges…) L’œuvre de Troika, et donc des anciens de Fallout, est, à mon sens, le RPG, voire le jeu, Steampunk par excellence : guerre entre technique et magie, révolution industrielle, racisme latent,  des zeppelins et des trucs volants, des fantômes, des mines, etc. Mais le choix le plus intelligent de Troika est d’avoir poussé le joueur  à verser soit dans l’art de magie, soit dans celui de la science : on construit ses automates, améliore ses armures, créé des armes inédites, électriques ou, à l’instar d’un Aleister Crowley, passe du côté obscur, quitte à se faire interdire certains moyens de déplacement (le train) Parce c’est connu, un mage, il n’y a rien de pire pour vous foutre en l’air une locomotive et provoquer un accident ! Génial, malgré des combats d’une nullité affligeante. L’autre seul vrai grand jeu Steampunk, c’est… The Eidolon. Ouais. Lui-même. Et, là, on remonte à l’antiquité, quand Lucasarts se nommait Lucasfilm Games, et que le bon Georges voyait bien qu’il se passait quelque chose du côté du vidéoludique. Ca ne loupe pas, il embauche aussitôt quelques malades mentaux du code qui ne voient que par les fractales et les univers de SF. Du bon geek des années 80. Quatre jeux sortent des cerveaux de ces génies d’avant garde : Ballblazer, Rescue on Fractalus !, Koronis Rift et The Eidolon, le tout pour consoles et ordis Atari, et adapté à l’ensemble des machines (Amstrad, C64) du moment. Dans les faits, dans son gameplay, The Eidolon n’est pas vraiment le jeu le plus Steampunk jamais créé – joli tableau de bord en bois !-, mais dès que l’on plonge dans son manuel de jeu, dans les schémas de sa machine créée au XIXème siècle, on tombe en plein délire mécanique, façon Jules Vernes.

 

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En fait, après l’excellent Dishonored, il semblerait que les plus belles heures du Steampunk soient encore à venir : BioShock Infinite ou Amnesia : A Machine for Pigs devraient par exemple raviver ce genre autrement moribond. De quoi rêver, s’imaginer ailleurs, autrefois, même si on ne cracherait pas sur un Arcanum à la première personne, un RPG, allez,  s’il vous plait Lovecraftien, avec un moteur à la Skyrim. Si, si, ça me ferait tellement plaisir !

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