Premières légendes

 God of War, Rise of the Argonauts ou Titan Quest ont beau avoir pioché allègrement dans la mythologie grecque, ils sont loin d’avoir été les premiers à s’intéresser aux mythes, aux légendes. De nombreux autres titres se sont, par le passé, emparés d’univers mythiques, de héros fondateurs de contrées pour les tordre à des nécessités vidéoludiques. Alors que seule la Grèce semble aujourd’hui passionner les joueurs et développeurs, dans les années 80 et 90, l’Irlande, le Japon, l’Angleterre et d’autres servaient de lieu virtuel de découverte d’autres cultures. Et, pourtant, un Slaine, un Cu Chulainn (à prononcer Ku Kelaine), un Arthur ou un Heimdall feraient aussi bien l’affaire, que ce soit dans l’action, dans le RPG, qu’un très archétypal (et aujourd’hui exaspérant) Kratos. D’autant qu’au contraire du chauve spartiate, ces personnages ont des aspirations bien plus complexes, politiques ou religieuses que de se venger… Petit voyage dans le temps et les mythes. Sur ordinateurs uniquement.

(paru dans Joypad 222, rubrique rétro)

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Cosmology of Kyoto

Se déroulant au Xème siècle à Heiankyo (Kyoto), Cosmoloy of Kyoto sur PC et Mac aurait très bien pu faire partie de la rubrique du mois dernier (les bizarreries ludiques). Graphiquement d’abord, avec son esthétique à la fois cartoon et proche des peintures sur soie. En termes d’objectifs ensuite… Ici, pas de but véritable, si ce n’est visiter Kyoto, parler aux passants, acheter des médicaments, parier sur des combats de coqs, mourir tué par des démons errants, et ressusciter plusieurs fois, avec un passage en enfer à chaque décès. En fait, sous la forme d’un Myst-like beaucoup plus interactif (on voit les habitants vaquer à leurs occupations), le studio japonais Softedge proposait ni plus ni moins qu’une errance, qu’une promenade onirique, sans objectifs précis si ce n’est d’en voir toujours plus, de débloquer de nouvelles entrées dans l’encyclopédie historico-religieuse et d’en apprendre plus sur le karma façon bouddhiste. Bref, de revivre l’ère Heian (du Xème au XIème siècle) avec les yeux d’un japonais de l’époque, avec ses démons et esprits vaquant dans les rues, toujours prêts à se moquer des êtres humains, avec ses mendiants édentés, avec ses courtisanes, ses temples, etc. Oui, Softedge ne visait qu’à nous faire vivre dans une ère mythique.

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Heimdall

Très exploitée (Fire and Brimstone) par le passé, bientôt remis au goût du jour par Skyrim, la mythologie nordique (Thor, Odin et tout le toutim) a connu son heure de gloire au début des années 90, avec The Lost Vikings (1er jeu de Blizzard) ou cet Heimdall. Après trois séquences d’action – dont un lancer de haches sur les nattes d’une serveuse- qui déterminaient les attributs du personnage principal, le jeu se transformait en RPG en 3D isométrique avec affrontement à la première personne (façon Iron Lord), puzzles à foison et gestion d’équipe. Mais plus que par son mélange de gameplay étonnant, c’est par son esthétique très cartoon, par ses animations, parfaitement fluides, que le jeu de The 8th Day (Premiere) se différenciait des autres RPGs du moment sur ordinateurs. Le second volet, Heimdall 2 : Into the Hall of Worlds se dirigea vers jeu d’action aventure pure, mais sans réussir à contenter ceux qui avaient apprécié le premier épisode.

 

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Conquest of Camelot : The Search for the Grail

Si Lancelot a eu droit à ses jeux (Lancelot, un jeu d’aventure textuelle chez Level 9 Computing), Arthur, son roi, et les autres chevaliers de la table ronde ont, eux aussi, été débauchés à de nombreuses occasions : Arthur : The Quest for Excalibur, une des dernières IF d’Infocom, basée sur Le Morte d’Arthur de Sir Thomas Malory, Spirit of Excalibur, un jeu de stratégie/RPG et des dizaines d’autres. Et puis, il y a Conquest of Camelot qui conte la quête du Graal par le roi Arthur alors que Camelot a perdu de sa superbe, entaché par les relations entre Guenièvre et Lancelot. Très proche des autres jeux Sierra de l’époque, Conquest a cependant l’intelligence de se reposer sur des sources historiques, folkloriques et religieuses fortes, où paganisme (apparition de Cernunnos et d’autres déités ou artefacts celtes) et émergence de la chrétienté s’affrontent. Peut-être le jeu le plus intelligent jamais écrit sur le sujet, en dépit de scènes d’arcade ratées.

>>>> encadré

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(Premières) Légendes celtiques

Il faut l’avouer nos descendants les plus proches (avec les romains) sont généralement absents des jeux vidéo. A moins de remonter dans les années 80, sur Spectrum, avec le duo Dun Darach et Tir Nan Nog (« La terre des jeunes » en français), deux titres développés par Gargoyle Games (1984 et 1985), mettant en scène le héros irlandais par excellence, Cu Chulainn, fils du dieu Lug. Si l’icône celtique a inspiré le poète et dramaturge William Butler Yeats, ainsi que de nombreux groupes de métal et de rock (Danzig, Thin Lizzy), Gargoyle Games oublie certaines de ses particularités – son spasme de furie pour commencer-, pour se concentrer sur une aventure en monde ouvert, tout en scrolling horizontal, un peu à la Odin Sphere pour donner un exemple récent. Très en avance sur son temps. Autre réappropriation des légendes celtiques, Slaine, adapté du comics de Pat Mills, s’inspire, lui aussi, clairement des aventures de Cu Chulainn, de celles du premier roi irlandais (du moins dans la mythologie), Slaine mac Dela, et d’une tripotée d’autres mythes. Et pour ne rien faire comme tout le monde, Creative Reality (DreamWeb, Martian Gothic : Unification, le génial Rex sur Spectrum) opte alors pour un mix entre action, affichage de vignettes et aventure (le système REFLEX), se rapprochant presque des dialogues à choix des RPG actuels.

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