(paru dans PlayStation Magazine n°54)
Jouer à Space Marine: Warhammer 40.000, c’est comme rejouer à Viking : Battle for Asgard, avec des sensations presqu’identiques. Bien que développés par deux studios distincts (Relic pour Space Marine, Creative Assembly pour Viking), ces deux titres transpirent la même méconnaissance du genre abordé, préférant tous deux aligner des cohortes d’ennemis plutôt que de passer du temps sur les détails, sur les textures, l’I.A, les modèles ou le level design. Un parallèle, et des conséquences, d’autant plus logiques lorsque l’on connaît le passif de ces deux développeurs : le RTS sur PC. En soit, Space Marine, comme Viking en son temps, se révèle surtout un champs d’expérimentations pour ses créateurs, tout en démontrant les impossibles connexions entre les champs de batailles qu’ils fréquentent usuellement et cette terra incognita abordée. On comprend alors mieux certains choix de level design (aires vastes, assez ouvertes, mais vides) ou un gameplay classique, violent graphiquement, mais sans impact sur le joueur. Oui, malgré ses empoignades spectaculaires, Space Marine est mou.
Si Space Marine n’est pas très dynamique, malgré l’utilisation de tronçonneuses ou de marteau de guerre, il est surtout mal rythmé : les vagues ennemies se suivent, identiques, la narration n’apporte rien, et l’architecture, qu’on aurait imaginée gothique de par son inspiration – les jeux de figurines Warhammer 40,000-, se fait répétition ad nauseam des mêmes textures, des mêmes ambiance. Où sont les affrontements au Bolter entre les jambes mouvantes des Titans où, épaulé, par un tank, les Ultramarines éliminent des centaines d’Orks ? Vous voulez de l’épique ? Passez votre chemin, Space Marine égraine les couloirs et arènes, incapable de faire parler l’esthétique pourtant grandiloquente, toute de crânes, d’armures et d’épées tronçonneuses, de la franchise, incapable de tirer parti, en termes de mise en scène, de l’univers Space Opera barbare imaginé par Games Workshop. De ce qu’aurait pu être Space Marine, il ne reste que ces hordes vociférantes, tétanisantes, d’Orks qui déferlent, et un certain talent dans l’art de la giclure sanglante. Un gros défouloir donc, un peu balourd.