Masque aztèque vissé au crâne, Rick reprend en mains les affaires en cours pour une virée estampillée H.P. !
Férocement cultes, Rick et son masque, tous deux amateurs de tartare, ont enfin suivi la lumière aveuglante/sortie de l’enfer du développement. La machette en exergue, le muscle saillant et les tendons apparents, l’exterminateur de forces cthoniennes (re)tranche sec. Prétexte scénaristique évacué –sauver sa donzelle prisonnière d’un savant fou-, la boucherie entame sa marche de mort, inébranlable, inéluctable. Mué en bodybuilder, Rick démembre, débite, taille dans le gras d’une tripotée de gueules hurlantes, esquive et engrange les points de sang pour maltraiter plus « élégamment » encore vertèbres et cervicales. Un amateur des choses manuelles, le Rick ! D’ailleurs, équipé d’une batte, le héros masqué repeint le manoir West, et l’écran, de viscères, cadavres et giclées d’humeur. Du moins, quand bastonné, il ne répand pas les siennes, ne perd ses tripes et poignes… Reste qu’il traîne un peu la patte, l’exterminateur de ces abominations. Lourdaud, pataud dans ses sauts à longue distance -trop scriptés/mal annoncés/punitifs pour pardonner la moindre erreur-, Rick laisse à désirer dans sa maniabilité, moins habile et véloce qu’un Dante perdu en enfer. Pire, ses frappes musclées, chirurgicales dans la destruction de trognes, sonnent un peu faux, toc, chiquées. L’héritage d’un original envahissant ? Clairement. Déjà en 88, le bibendum gore travaillait de la feuille et du fusil à pompe avec une rigidité toute cadavérique, imposait un rythme lent, mesuré, à son avancée. Au pire, débloquer et s’adonner aux trois épisodes (l’arcade et ses deux suites Megadrive) rappelle les fondamentaux de la série, justifie, par l’exemple, certains choix de design de Namco Bandaï : intégration de phases en vue de côté, boss récurrents, couloirs étriqués…
De Splatterhouse, on attendait donc surtout de l’éviscération, de l’abattage à la chaîne et des meurtres en série. Erreur. Parce qu’il y a aussi des éclairs de génie, des fulgurances étonnamment narratives, des jeux d’esprits entre Rick, son damné masque et le souvenir pourrissant d’une Jennifer, princesse de notre (imparfait, vous verrez!) chevalier sanglant. Et puis, Splatterhouse, ce sont des ambiances, des scènes-choc, des idées qu’on ne pensait savourer ici, dans l’antre de l’arcade-roi : cet aller-retour dans un futur sombre new-yorkais, cette échappée glauque en abattoir humain ou dans une fête foraine aux miroirs mensongers, voire cette chose, gigantesque, innommable, indistincte qui frappe, rythmiquement, contre une vitre, et beugle, là, dans le néant. Etonnant. Enfin, de Silent Hill 2, le retour de Rick a pris quelques leçons sur l’effritement des sentiments humains, sur la mise en scène et l’intégration de la peur. Flippant ? Pas vraiment, mais très dérangeant par moment, plus lovecraftien, désespéré et écoeurant qu’espéré, et surtout mieux mené dans sa bande son qu’annoncé. Du gros métal –Mastodon & Cie-, oui, mais aussi des séquences au synthé, atmosphériques, en boucles, entêtantes, qui rappellent les années 80, Carpenter et d’autres faiseurs de bobines bien barrées, gores. D’ailleurs, de Evil Dead à Bad Taste en passant par Re-Animator et The Wicker Man, la filmographie la plus culte des années 60 à 90 est déversée par flots sanguinolents, via cut-scenes ou décors. De quoi passer outre un challenge aux points de passages mal pensés, oublier une répétitivité avérée des mécanismes « écrase-tronches » ou des objectifs qui varient finalement peu. Imparfait, oui, comme son héros !
Test paru dans Officiel Xbox 64