The Room aurait dû s’appeler The Box. Parce que dès les premières minutes, dès l’entrée dans l’espace clos qui sert de scène unique au jeu, ce qui intrigue, questionne, ce n’est pas ce lieu, cette salle à l’intérieur de laquelle on se déplace latéralement, mais cette boîte, tour à tour coffre ou contenant, qui trône, là, en son centre, en attente du joueur et de ses manipulations. The Room, c’est un jeu d’intérieurs, d’énigmes dans des énigmes, comme on s’enfonce plus profondément dans le cube et en dévoile peu à peu les mystères, comme la boite s’ouvre, se déploie, se déplie. On pense au fameux Rubik’s cube, à la Lament Configuration chère à Cliver Barker (dans Hellraiser), mais aussi à ces jeux en bois qui, par leur forme, par leurs multiples tiroirs, interrogent, provoquent le vertige- jouissance de la connaissance. Mais, dans The Room comme dans les écrits de Barker, de Poe, ce dévoilement, cet écorchage progressif de la mécanique est suivi de terreur, comme des voix, chuchotements pressants, jaillissent de la pénombre environnante. Et puis, c’est un jeu d’extérieurs, un jeu du toucher et de la caresse où chaque coin, chaque tranche de ces boîtes est manipulé avec l’espoir de déclencher un micro-événement, un script. Sous son aspect de puzzle dans lequel on s’introduit toujours plus avant, déverrouillant chaque « serrure », chaque sceau jusqu’au septième, The Room se veut aussi voyage, trip d’amateurs de vieilles choses qui n’aurait pu voir le jour autre part que sur tablette, que sur tactile. Son intelligence, c’est de réussir à contenir son gameplay à quelques manipulations, à quelques tapotages, d’avoir restreint sa narration à quelques lettres, énigmatiques/elliptiques, véritables portes ouvertes à un imaginaire forcément Lovecraftien. L’invitation est belle, mais le voyage trop court. Et surtout sans véritable réponse. Qu’importe, l’imagination fait encore son travail.
En jouant de l’ouverture – on se promène d’un « atelier » à l’autre dans chaque salle, chacun étant liés à la résolution de l’énigme dudit lieu-, The Room 2, sa suite directe, se perd, se disperse, imagine des mécanismes trop lâches, trop éparpillés, tout en justifiant enfin son nom. Paradoxal.
J’aime bien les jeux de réflexion, et j’ai l’habitude d’en jouer souvent sur http://www.prizee.com/ . J’ai aussi essayé The Room, mais je n’ai pas vraiment réussi à débloquer grand-chose, lol. Je pense que les énigmes, ce n’est pas trop ce qui est fait pour moi. En tout cas, je le recommande, car je trouve que c’est pas mal comme casse-tête.